Culture

The Velvet Sundown : Quand l'IA compose le tube parfait

8 octobre 2025

8 min de lecture

Fabrice MIQUET-SAGE

J'avoue avoir écouté "The Velvet Sundown" après la révélation d'un groupe 100% IA. J'avais donc toutes les clés en mains pour me faire un avis. Je dois avouer qu'à la première écoute je me suis dit : "la vache, c'est quand même pas mal ce truc !".

The Velvet Sundown : Quand l'IA compose le tube parfait

J'avoue avoir écouté "The Velvet Sundown" après la révélation d'un groupe 100% IA. J'avais donc toutes les clés en mains pour me faire un avis. Je dois avouer qu'à la première écoute je me suis dit : "la vache, c'est quand même pas mal ce truc !".

L'alchimie d'une recette gagnante

En fait, là où l'IA a été assez forte, c'est de mélanger tous les ingrédients qui ont fait la réussite des plus grands tubes rock 70's. C'est fort, mais il faut avouer que ça se sent. Sans parler de plagiat, il y a des emprunts évidents. On y retrouve des influences avouées (Pink Floyd, Led Zeppelin, Velvet Underground) : on est en plein dans les seventies avec la voix éraillée - qui s'éraille plus ou moins d'ailleurs au cours de la chanson ;-) - les riffs de guitares, les parties instrumentales et les refrains mélodieux.

Le résultat ? Des harmonies langoureuses, un chant feutré, des guitares aux sonorités seventies qui, à première écoute, ont tout pour convaincre.

Un succès fulgurant qui interroge

En seulement un mois et demi, The Velvet Sundown a dévoilé trois albums et attiré plus d'un million d'auditeurs sur Spotify. Apparu en juin 2025, ce quatuor folk psychédélique a immédiatement captivé près d'un million d'auditeurs mensuels avec ses deux premiers albums, "Floating on Echoes" et "Dust and Silence".

C'est assez intriguant, peut-être dérangeant, voire dramatique pour la création artistique et l'industrie musicale, mais ça s'écoute et c'est pas mal fait.

Une campagne marketing redoutablement efficace

À noter aussi : la campagne assez dingue de communication/marketing qui a embarqué un nombre impressionnant de groupies dans le "canular", jusqu'à la révélation de la supercherie. The Velvet Sundown représente le premier groupe entièrement artificiel à constituer une audience massive sans jamais révéler sa véritable nature.

D'ailleurs, les auteurs ne parlent pas de supercherie. Dans leur bio sur Spotify, le groupe admet être "un projet de musique synthétique guidé par une direction artistique humaine, composé et illustré avec le soutien de l'intelligence artificielle". "Ce n'est pas une farce, c'est un miroir", affirment-ils. Pas tout à fait humain, pas tout à fait machine.

L'humain derrière la machine

Il est vrai, et il ne faut peut-être pas l'oublier, qu'il y a encore un humain qui a prompté tout ça, et ce travail mérite d'être souligné. Même si... même si...

Car c'est là toute l'ambiguïté du projet : où se situe la frontière entre création assistée par IA et création par IA ? Qui est l'artiste : celui qui prompt ou l'algorithme qui exécute ?

Questions ouvertes pour l'industrie musicale

Ce phénomène soulève des interrogations fondamentales :

Sur l'authenticité : Si la musique nous plaît avant de savoir qu'elle est générée par IA, notre jugement est-il biaisé une fois la révélation faite ?

Sur la valeur artistique : L'émotion ressentie à l'écoute est-elle moins légitime parce qu'aucun musicien n'a posé ses doigts sur un instrument ?

Sur la création : Où commence et où s'arrête le rôle du créateur dans un processus assisté par IA ?

Mon verdict personnel

The Velvet Sundown est une prouesse technique et marketing indéniable. L'IA a réussi à décoder la formule du rock seventies parfait, à en extraire l'essence et à la restituer de manière convaincante. C'est impressionnant. Mais voilà : c'est justement peut-être trop parfait, trop lisse. Comme un plat où tous les ingrédients seraient présents dans les bonnes proportions, mais où manquerait cette imperfection, cet accident heureux, cette sauce particulière, qui fait la magie d'un classique.

Et maintenant ?

Ce projet n'est ni un échec ni une simple curiosité technologique. C'est un avertissement et une démonstration : l'IA peut composer de la musique professionnelle et populaire. La question n'est plus "si" mais "comment" l'industrie musicale va s'adapter. Pour ma part, je continuerai à écouter The Velvet Sundown comme on observe une expérience fascinante qui nous dit beaucoup sur notre rapport à la création, à l'authenticité et à l'émotion artistique.

crédit photo: https://x.com/Velvet_Sundown

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